Lors d’une conférence de presse à Kankan, Taliby Dabo, figure du RPG, a affirmé que Oumar Sylla alias Foniké Mengué et Billo Bah, deux militants de la société civile disparus depuis plusieurs mois, « se portent très bien » et « se trouvent dans un endroit sûr ». Selon lui, leur liberté de mouvement est restreinte, mais ils vivent dans de bonnes conditions et suivent l’actualité.
Ces propos interviennent alors que le procureur général et le porte-parole du gouvernement ont, à plusieurs reprises, nié toute implication officielle dans leur disparition. Le procureur a rappelé qu’aucune arrestation formelle ni détention dans un centre officiel n’avait été enregistrée, et a évoqué la nécessité d’une enquête judiciaire. Pour sa part, Ousmane Gaoual Diallo, porte-parole du gouvernement, a déclaré en 2024 : « Ils n’ont pas fait l’objet d’enlèvements par les autorités, ni par les forces de sécurité. Toute personne détenant des informations doit s’adresser aux autorités judiciaires. »
Des implications judiciaires possibles
La sortie de Taliby Dabo change la donne. Ses propos pourraient être utilisés par le parquet pour l’entendre comme témoin clé dans l’affaire. En vertu du Code pénal guinéen, toute personne disposant d’informations sur une disparition forcée ou une détention illégale est tenue de les communiquer aux autorités compétentes. À défaut, elle pourrait être inquiétée pour non-dénonciation de crime (article 62 du Code pénal).
Si les affirmations de Taliby Dabo se confirment, elles pourraient aider à localiser Foniké et Billo et lever le voile sur cette affaire qui suscite une indignation nationale et internationale.
La pression des ONG et de la communauté internationale
Depuis leur disparition en 2024, plusieurs organisations comme Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent un cas possible de disparition forcée, une violation grave des droits humains. Amnesty rappelle que la Guinée est signataire de la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées et a l’obligation d’enquêter de manière transparente.
Selon un rapport publié en 2024 par HRW, « la détention secrète de militants ou d’opposants viole le droit à la liberté et à la sécurité de la personne, et peut constituer un acte de torture ou un traitement inhumain. »
Un dossier à haut risque politique
Cette affaire met sous tension le gouvernement de transition, déjà critiqué pour sa gestion des libertés publiques. L’opinion publique attend des actes : soit confirmer les propos de Taliby Dabo et retrouver les militants, soit prouver qu’ils sont infondés. Dans les deux cas, la justice guinéenne est face à un test majeur de crédibilité et de transparence.
La grande question reste : le parquet et le gouvernement auront-ils la volonté politique de faire toute la lumière sur ce dossier explosif ?