La scène politique guinéenne entre dans une phase décisive. Alors que la transition s’étire et que les interrogations s’accumulent sur le respect du calendrier électoral, une question majeure surgit :
la Cour suprême de Guinée doit-elle rappeler au Président Mamadi Doumbouya ses engagements, à l’image du Conseil constitutionnel sénégalais face à l’ancien Président Macky Sall ?
Sénégal : un précédent démocratique fort
Au Sénégal, alors que le débat sur un éventuel troisième mandat de Macky Sall faisait rage, les garants de la Constitution avaient pris position. À travers une posture ferme et publique, le Conseil constitutionnel avait rappelé au Chef de l’État son obligation morale et institutionnelle de respecter la parole donnée.
Ce geste avait non seulement renforcé l’autorité des institutions, mais également consolidé la confiance du peuple dans son système démocratique.
Guinée : promesse de transition et attente populaire
En Guinée, le Colonel Mamadi Doumbouya avait affirmé, dès son arrivée au pouvoir, que son objectif n’était pas de « confisquer » la transition, mais de conduire le pays vers un retour à l’ordre constitutionnel. Le peuple avait accueilli ces engagements avec espoir et vigilance.
Aujourd’hui, cependant, de plus en plus de voix s’interrogent sur l’évolution du processus. Le retard dans l’organisation des élections et l’absence de visibilité claire alimentent le débat public.
Rôle de la Cour suprême : devoir moral et institutionnel
Dans ce contexte, la question se pose :
la Cour suprême doit-elle jouer son rôle de gardienne de la République et rappeler publiquement l’engagement du Chef de l’État ?
Un tel acte ne serait pas politique, mais plutôt institutionnel.
Il relèverait de la mission fondamentale d’assurer :
La parole d’État : pierre angulaire de la confiance démocratique
Une transition ne se mesure pas uniquement par des discours, mais par la constance dans la parole donnée.
Dans un contexte où le peuple aspire à des institutions fortes, impartiales et indépendantes, chaque silence peut être interprété, chaque geste scruté.
La Guinée se trouve donc à un tournant :
renforcer la confiance en ses institutions ou laisser s’installer le doute.
Vers un précédent guinéen ?
Le Sénégal a montré qu’une institution forte peut guider un pays vers la stabilité démocratique. La Guinée, à son tour, peut inscrire son nom parmi les nations africaines où l’autorité judiciaire veille réellement au respect de la parole d’État.
Aujourd’hui, plus que jamais, l’heure est à la clarté, à la transparence et à la responsabilité institutionnelle.
Le peuple observe, le monde regarde, et l’histoire jugera.