L’Afrique, souvent décrite comme le « continent riche mais pauvre », doit une grande partie de ses difficultés actuelles à son passé colonial et aux structures économiques héritées de cette période. Loin d’être un simple souvenir du passé, cet héritage continue de peser lourdement sur les trajectoires de développement des pays africains.
1. Le pillage colonial et ses séquelles
Dès la fin du XIXe siècle, la colonisation européenne a transformé l’Afrique en un vaste réservoir de matières premières. Les colonies étaient conçues non pas pour se développer, mais pour alimenter les métropoles en ressources stratégiques : coton, café, cacao, pétrole, cuivre, uranium.
Les infrastructures construites – routes, ports, chemins de fer – n’étaient pas destinées à relier les pays africains entre eux, mais à transporter plus rapidement les ressources vers l’Europe. Cette logique extractive a laissé derrière elle des économies tournées vers l’exportation brute, sans base industrielle solide.
2. Les indépendances incomplètes
Dans les années 1960, la vague d’indépendances a suscité beaucoup d’espoir. Mais la transition a été brutale : les nouveaux États n’avaient ni les ressources financières ni les cadres expérimentés pour administrer efficacement leurs pays.
De plus, les anciennes puissances coloniales ont continué à exercer une influence économique et politique, souvent par le biais de contrats déséquilibrés, d’accords militaires et de systèmes monétaires hérités (comme le franc CFA en Afrique de l’Ouest et centrale).
3. Les pièges de la dépendance économique
L’Afrique est restée piégée dans un système économique centré sur l’exportation de matières premières, sans transformation locale. Ce modèle a engendré une forte vulnérabilité aux fluctuations des prix mondiaux : une chute du prix du pétrole, du cacao ou du cuivre pouvait plonger un pays entier dans la crise.
Cette dépendance a également freiné la diversification des économies, rendant difficile la mise en place d’industries locales capables de créer des emplois massifs.
4. Les ajustements structurels des années 1980-1990
Face aux crises économiques et à la dette, de nombreux pays africains ont été contraints par le FMI et la Banque mondiale d’appliquer des programmes d’ajustement structurel. Ces réformes, censées relancer la croissance, ont souvent eu des effets dévastateurs :
Résultat : les économies africaines se sont retrouvées encore plus dépendantes de l’extérieur et moins capables d’investir dans leurs propres priorités de développement.
5. Un héritage toujours présent
Aujourd’hui, cet héritage historique explique en partie pourquoi l’Afrique reste confrontée à une pauvreté persistante malgré ses immenses richesses. Les structures économiques héritées du colonialisme et consolidées par des décennies de dépendance internationale n’ont pas permis de bâtir des bases solides pour un développement autonome et durable.
Conclusion du Volet 1
Le passé colonial n’explique pas tout, mais il a profondément façonné la trajectoire de l’Afrique. L’extraction sans transformation, la dépendance extérieure et les réformes imposées de l’extérieur sont autant de freins qui continuent de peser. Pour s’en libérer, le continent doit rompre avec ce modèle hérité et miser sur une industrialisation et une intégration régionales fortes.