L’Afrique détient 30 % des réserves mondiales de matières premières stratégiques, du cobalt au diamant, du pétrole à l’or. Pourtant, ces richesses n’ont pas permis d’éradiquer la pauvreté ni d’impulser une industrialisation solide. Ce paradoxe tient largement à la gouvernance et à la gestion des ressources naturelles.
1. Le « paradoxe de l’abondance »
Plusieurs pays africains illustrent ce que les économistes appellent le « mal hollandais » ou « paradoxe de l’abondance » : au lieu d’apporter prospérité, l’abondance des ressources entraîne corruption, conflits et dépendance.
2. Corruption et mauvaise redistribution
Dans plusieurs pays, les revenus issus du pétrole, de l’or ou du gaz ont alimenté des réseaux de corruption et d’enrichissement personnel. Une grande partie des bénéfices échappe à la population et finit détournée ou mal utilisée.
Résultat : des services publics défaillants, des infrastructures inexistantes et une jeunesse sans perspective.
3. Instabilité politique et conflits liés aux ressources
La richesse naturelle a souvent alimenté des guerres civiles ou des conflits régionaux. Le diamant a financé les « guerres civiles » en Sierra Leone et au Liberia, tandis que le pétrole ou l’or ont contribué à l’instabilité au Soudan et en RDC.
Ces « ressources maudites » deviennent alors une source de division plutôt que de développement.
4. Les contrats déséquilibrés avec les multinationales
De nombreux gouvernements africains signent des accords miniers ou pétroliers qui profitent largement aux compagnies étrangères au détriment des États. Faute de transparence et de négociations équilibrées, les redevances et taxes perçues par les pays producteurs sont souvent dérisoires.
Exemple : dans certains contrats miniers en Afrique de l’Ouest, moins de 15 % des bénéfices reviennent à l’État.
5. Les modèles positifs
Malgré ce tableau sombre, certains pays démontrent qu’une gestion rigoureuse est possible :
6. Le rôle des institutions africaines
Des initiatives comme l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE) ou la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine) visent à renforcer la gouvernance économique et à mieux utiliser les ressources du continent. Mais leur succès dépend de la volonté politique des dirigeants à placer l’intérêt collectif au-dessus des intérêts particuliers.
Conclusion du Volet 2
La richesse naturelle n’est pas en soi une malédiction, mais sa mauvaise gestion l’a transformée en piège. L’Afrique dispose de tous les moyens pour convertir ses ressources en levier de développement, à condition de bâtir des institutions solides, de négocier des contrats équilibrés et de placer la transparence au cœur de sa gouvernance.